Interview de Jérémy Mendes
Entretien téléphonique du lundi 20 avril 2020 réalisé par David Poncet
Avec :
Jérémy Mendes - DGS Ville de Cébazat (63)
1) Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Ville de Cébazat (63)
9000 habitants
120 à 150 agents
2) Comment vous êtes-vous adapté à la crise ?
Plusieurs phases :
1. Gestion de crise post 13 mars (2 premières semaines) : impact au sein de chaque service = fermer les équipements communaux, les accueils physiques en maintenant toutefois un accueil téléphonique, improviser un système télé travail et mise en télé travail des agents, identification du fonctionnement de chaque service,
2. Semaine 3 et 4 : consolidation de ce que nous avions mis en place,
3. Aujourd’hui préparation du déconfinement progressif et reprise d’activités en assurant la sécurité sanitaire des agents. Reprise de certaines activités dès à présent (ex. espaces verts) a effectif limité et maîtrisé. Période de transition pour être pleinement opérationnel le 11 mai.
La réponse unique et égalitaire pour tous les services est illusoire. Nous nous sommes adaptés et avons géré en fonction de l’impact du service et de la capacité à garantir la sécurité sanitaire des agents et du public.
Cette période a été également une séquence de management resserré. Il en allait de même avec les élus : Exécutif resserré sur le quotidien et information aux adjoints.
Aujourd’hui, nous envisageons de faire le point avec les représentants du personnel, ce qui n’a pas été possible jusqu’à présent.
3) Qu’est–ce que cette crise vous apprend ?
Les agents sont attachés au service public local. Ils ont fait preuve de créativité et d’initiative, de solidarité. On a su démontrer tout l’adaptabilité des services.
Le plus difficile c’est manager dans l’incertitude : rassurer, donner une ligne quand on navigue à vue au regard des décisions nationales et d’une situation changeante.Temps du management à distance : nécessité de garder le lien, arriver à fixer des objectifs à court terme, reprioriser les objectifs, requestionnement de la hiérarchie, des priorités.On apprend sur soi et sur ses collègues.
Le confinement a également fragilisé les agents déjà fragiles.
Usage du numérique : le confinement a questionné les outils et les services numériques, mais également le rapport des agents à ces outils avec un risque d’augmenter la fracture numérique. Il y a un vrai décalage entre les agents.
De manière générale, on a touché du doigt les limites d’un fonctionnement tout centralisé. L’adaptation s’est faite sur le terrain, par les collectivités locales. On a fait le service après-vente de l’Etat. Dans l’incertitude on a dû donner des certitudes à la population.
4) Comment envisagez-vous la reprise ?
Progressive.Priorité à la mise en sécurité des agents.
Chaque service sera traité spécifiquement mais volonté de garder une cohérence sur la collectivité.
5) De quelles compétences nouvelles aurez-vous besoin ?
Enjeu de management sur l’encadrement de proximité : comment on arrive à accompagner les agents pour requestionner les pratiques, redéfinir les objectifs, plus de participation des agents…?
Le message central doit être : comment on transforme une contrainte en opportunité ?
Importance d’échanges et de retour d’expérience entre professionnels, dans les réseaux.
Enjeu sur les nouveaux outils numériques pour l’usager et les agents.
Enjeu sur les risques professionnels.
6) Quel accompagnement possible par le CNFPT ?
Finalement on a tous eu les mêmes problématiques au même moment et nous aurons besoin d’échanger sur ce que nous avons vécus, de prendre de la hauteur.
Il me semble que le CNFPT a toute sa place dans l’animation de cette dynamique en créant des temps, des cadres où ces retours d’expérience peuvent exister dans une logique d’échange entre collègues.