Les cercles d’apprentissage, d’étude ou de pratique


Le contexte de leur émergence

La plus-value de ces cercles est de dépasser le modèle de la formation pour favoriser celui de l’apprenance (Cf. Philippe Carré) dont la recherche d’autonomie des apprenants constitue la pierre de touche. Ils répondent ainsi au fondement de l’Education Permanente, dont on fête en cette année 2021 les cinquante ans de son institutionnalisation, portée par la politique publique de la formation professionnelle des adultes, initiée par Bertrand Schwartz. Pour rappel ce principe fondateur n’est rien de moins que l’émancipation !
« Nous sommes nés pour apprendre », soulignait Hélène Trocmé Fabre qui a forgé dans les années 80 le terme d’apprenance. Elle inscrira, du reste, ce nouveau modèle au cœur des connaissances portant sur le vivant et convoquera des chercheurs comme F. Varela, B. Cyrulnik ou encore B. Nicolescu pour assoir ses hypothèses de transformation, d’une part, de l’activité d’apprendre et, d’autre part, de l’accompagnement de l’engagement dans les apprentissages. L’autonomie sera alors la finalité essentielle de tout processus d‘apprentissage qu’elle identifie à travers sept étapes.
Philippe Carré, a repris quant à lui ce terme pour faire de l’apprenance une disposition. Il ajouta en écho avec ses recherches sur l’auto-formation cette fameuse expression : « On apprend toujours seul mais jamais sans les autres » ! Ainsi ancre-t-il définitivement que c’est toujours au sein d’une communauté que l’on apprend, la solo formation n’existe pas, même un autodidacte n’apprend qu’en mobilisant autour de lui les personnes porteuses de ressources.

La plus-value des cercles proposés

Si Le confinement et les outils numériques utilisés dans le travail à distance ont attaqué les collectifs en augmentant les distances inter-transactionnelles et limité certaines opportunités habituelles de mobilisation de ces précieux collectifs pour apprendre, on peut constater que l’un des facteurs de motivation qui favorise l’engagement dans l’apprentissage, à savoir le facteur socio-affectif, a pour ainsi dire disparu du fait de la situation d’isolement.
Dès lors, face aux interactions limitées avec autrui durant cette période de confinement et de distanciation contraintes, deux ripostes se présenteront comme disponibles pour remédier à cette situation critique, d’une part, refaire communauté, notamment apprenante, afin de favoriser « l’apprendre ensemble » ainsi que « l’apprentissage social » et, d’autre part, développer des espaces d’auto-formation collective accompagnée. Cette dernière démarche pédagogique s’appuie en effet, comme son nom l’indique, sur l’autonomie des apprenants, au sein d’un collectif, en étant accompagné par un facilitateur, en favorisant leur autodétermination sur les différents registres du processus d’apprentissage (objectifs et modalités) et en prenant surtout en compte leur expérience.
Fort du constat que l’on peut « Apprendre en dehors d’une formation et ne rien apprendre en formation » comme aime à le souligner P. Carré, pour mieux nous convaincre de la nécessité de sortir du paradigme transmissif de la formation formelle qui s’appuie sur l’illusion que « l’on peut agir sur autrui et le transformer », (Frankenstein pédagogue, P. Mérieux) alors qu’apprendre est toujours un acte de liberté, les cercles proposés viseront à s’ouvrir au paradigme de l’apprenance en multipliant les espaces ouverts, collectifs, réflexifs, expérientiels, fondés sur l’autonomie des apprenants pour favoriser leurs apprentissages à l’intérieur et à l’extérieur de leurs espaces dédiés.
Ces cercles viseront donc à répondre aux attentes des participants en proposant une opportunité de transformation à partir de leur expérience professionnelle. Ils seront donc des espaces apprenants mais aussi capacitants (Cf. Monique Castillo, Christian Batal et Solveig Oudet) dans la mesure où ils contribueront au développent du pouvoir d’agir des participants.

Les principes partagés des différents cercles proposés

Le principe d’individualisation sera privilégié dans le sens où il s’agira de partir des attentes, des préoccupations et des intentions de chacun des participants, dans une logique d’accompagnement.
Le processus de développement proposé sera donc en rupture avec les démarches classiques de formation. Il privilégiera l’expérience vécue, sa mise en réflexivité et la création ou la confrontation à des savoirs afin favoriser des expérimentations ou une production collective / individuelle.

Retournement du modèle transmissif
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Les Cercles d’apprentissage proposés seront des groupes de personnes qui vont développer leurs connaissances dans un espace démocratique qui favorisera les apprentissages collaboratifs et individuels. Les membres s’inscrivent de ce fait dans une dynamique de développement d’un esprit de communauté. Au centre de cette approche la thèse socio-constructiviste de Lev Vygotsky prévaudra : le collectif comme ressource des apprentissages.
Ces apprentissages individuels ou collectifs seront donc ici placés au centre du cercle et les apprenants auront le statut de sujets pleinement auto-déterminés concernant, notamment, les objectifs poursuivis et les modalités de développement de leur agir en compétence.

Les Cercles proposés d’apprentissage et de partage
  • Groupe de personnes qui vont développer leur connaissance
  • Dans un espace démocratique
  • Qui favorisera les apprentissages collaboratifs.
  • Les membres s’inscrivent dans une dynamique de développement d’un esprit de communauté.

Les principes partagés
  • Autoformation collective
  • Apprentissage entre pairs
  • Auto-organisation
  • Auto-détermination (par exemple sur les objectifs, les méthodes et les ressources à mobiliser)
  • Coopération et co-responsabilité dans les apprentissages (entre-aide, soutien mutuel, confiance mutuelle..)
  • Auto-directionnalité des apprentissages
  • Elaboration de savoirs individuels et collectifs
  • Auto-régulation
  • Formalisation de regards réflexifs
  • Auto-évaluation individuelle et collective comme interprétation (et non évaluation comme contrôle)

Le rôle de l’animateur sera prépondérant car il sera chargé de garantir l’observance des principes précédemment énoncés afin de favoriser l’autonomie des participants. Sa posture sera une condition de réussite essentielle du cercle proposé :

Le rôle du facilitateur 
  • Aider le groupe à clarifier ce sur quoi il souhaite porter son attention
Contribuer à l’expression des échanges, accompagner l’aide aux décisions du groupe
  • Ne pas prendre une posture d’expertise mais contribuer à la mobilisation de ressources (supports pédagogiques, experts, chercheurs…)
  • Chaque cercle fera l’objet d’une présentation de son intention et des modalités d’organisation qui lui seront spécifiques.

Références ou ressources complémentaires


https://www.youtube.com/watch?v=sQCaZTD-7wQ