Interview de Sylvie Lafond


Entretien téléphonique du jeudi 7 mai 2020 réalisé par David Poncet
Avec :

Sylvie Lafond - DGS Ville de Pont-du-Château (63)

1) Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Pont-du-Château fait partie de la métropole Clermont Auvergne Métropole
11 500 habitants
220 agents (CCAS inclus)

2) Comment vous êtes-vous adapté à la crise ?

Nous avons dans un premier temps élaboré le Plan de Continuité des Activités avec le Maire et le comité de direction, de manière à définir les activités essentielles à la vie des administrés d’une part et de la collectivité d’autre part.

Nous avons défini les conditions de continuité des services jugés indispensables : permanence téléphonique et accueil physique sur rdv pour le CCAS et l’Etat Civil, accueil exclusivement téléphonique pour les services supports notamment.

Les services périscolaires et extrascolaires et la crèche ont pour leur part accueilli les enfants des personnels soignants et autres prioritaires.

Les services de Maintien à domicile et de Portage de repas ont maintenu leur activité dans des conditions quasi-normales.

Pour le reste on a mis en place le télé travail ; ce qui était pour nous une nouveauté. Celui-ci s’est avéré très efficace pour les services supports en particulier (RH, Finances, Commande Publique) qui travaillent beaucoup en mode dématérialisé.

Les agents qui ne pouvaient pas télé travailler ou dont la présence n’était pas indispensable étaient en ASA.

Chaque chef de service a maintenu des réunions internes. Les agents ont joué le jeu. J’ai été agréablement surprise par l’esprit d’initiative des agents. Certains se sont révélés sur des missions et des rôles sur lesquels ils n’étaient pas forcément attendus.

Les élus ont été très peu présents. Nous avons travaillé directement avec le Maire.

Enfin, les syndicats n’ont pas été présents ; aucun retour de leur part.

3) Avez-vous incité les agents de votre collectivité à faire de la formation à distance pendant la période de confinement ?

Oui, l’offre du CNFPT a été relayée auprès des agents qui ont répondu positivement. Certains ont suivi des formations depuis chez eux ; d’autres ont utilisé le bureau dédié en mairie.

4) Qu’est–ce que cette crise vous apprend ?

En termes de management cela m’a permis d’avoir une autre image des agents. Je me rends compte que j’avais une image parfois un peu tronquée de certain car ne travaillant pas en direct avec eux et n’ayant que le retour de leur supérieur. J’ai été plus en direct avec certains agents et cela m’a permis de les découvrir sous un autre angle.

Finalement cette crise nous a permis de nous rendre compte que l’on n’est pas si «mauvais que ça», bien au contraire : on a été très réactif, notamment dans le secteur de l’enfance et la petite enfance .Dès le 18 mars, nous étions en mesure de proposer une solution opérationnelle pour l’accueil des enfants des personnels soignants.

On a observé un esprit de solidarité, des agents qui ne se parlaient pas avant se sont mis à échanger et travailler ensemble dans un but commun. Retours très positifs des agents, qui ont par ailleurs témoigné auprès de l’équipe de direction leur satisfaction sur la gestion de la crise mise en place. Cette crise les a valorisés.

5) Comment envisagez-vous la reprise ?

Le cadre juridique n’est pas très clair. On manque de retours de l’Etat.

On va continuer le télé travail à côté du présentiel pour que les agents reviennent progressivement. Notre priorité est la réouverture des écoles dans des conditions de sécurité sanitaires optimales

Nous attendons 30 à 45% de retour d’enfants. Nous allons assurer le repas de midi en liaison froide, dans un premier temps, avant un retour en liaison chaude en juin. L’état civil et le CCAS resteront ouverts le matin sur rdv.

En fait, nous avons déjà fait revenir une partie des agents cette semaine, en amont, pour les préparer. Ils ont besoin d’un temps d’adaptation à cette nouvelle situation et aux nouvelles conditions de travail.

6) La période a-t-elle fait émerger de nouveaux besoins ? Si oui, lesquels ?

Pour moi il est clair que le télé travail va venir à l’ordre du jour. Le numérique et la fracture numérique également. Nous aurons à ce niveau besoin de former nos agents.

Sur les champs de l’hygiène et de la sécurité au travail, des Risques Psycho-Sociaux, il va nous falloir aussi développer les formations.

La question du management à distance devra également être travaillée.
Pour septembre nous envisageons de repenser l’organisation du temps de la pause méridienne et de la prise de repas notamment, ainsi que les protocoles d’entretien des différents locaux et équipements.

Enfin, chaque chef de service va faire un point avec son équipe. Il est important d’avoir les remontées du terrain, notamment dans le cadre du CHCST

7) Quel accompagnement possible par le CNFPT ?

J’aurais besoin d’échanger avec les collègues et d’avoir les retours d’expérience des autres collectivités. Le CNFPT peut sans doute animer une démarche dans ce sens, pour nous accompagner sur cette nécessaire prise de hauteur dans l’analyse de ce que nous avons vécu et ses conséquences aujourd’hui et demain.