Depuis le XIXe siècle, âge d’or des sciences occultes, le surnaturel revient au galop. Analyse d’un phénomène dans un roman ésotérique de Nicole Edelman.

Il n’y a pas de mystère. Si les pages tournent à la lecture de cette Histoire de la voyance et du paranormal du XVIIIe siècle à nos jours, ce n’est nullement sous l’effet de quelque phénomène surnaturel, mais parce que Nicole Edelman entraîne ses lecteurs dans un sujet qu’elle domine avec maestria. Pour analyser ce curieux assemblage d’extravagance et de sincérité, l’historienne mobilise science et littérature, révélant l’importance prise dans nos sociétés contemporaines par tout ce qui touche au surnaturel, à ses études et à son exploitation.

Et le champ est large pour l’analyse de toutes ces pratiques – la voyance, qui prétend prédire l’avenir, la chiromancie, qui lit les lignes de la main, ou l’astrologie, qui scrute les astres –, que Nicole Edelman, spécialiste du XIXe siècle, envisage sur trois siècles. Une histoire qui « met au jour des linéaments, des transformations, des replis et des résurgences qui brouillent bien des frontières entre science et religion, entre savoir et croyance, entre raison et folie ».

Condamnée par l’Eglise et des ordonnances royales au XVIIe siècle, la voyance resurgit au siècle suivant, profitant d’une période où les limites de la curiosité sont repoussées. En 1778, à Paris, le médecin autrichien Franz Anton Mesmer (1734-1815) rencontre un franc succès auprès de l’aristocratie. Il met au point des machines à guérir, sortes de cuves de bois remplies de verre pilé, d’où sortent des tiges de fer, censées être des accumulateurs de fluides que les aristocrates, en cercle, saisissent pour échanger leur énergie harmonieuse.

Ils pensent y trouver un nouvel équilibre, se pâment et rétribuent généreusement leur bienfaiteur.